Black Cherry Blues by Burke James Lee

Black Cherry Blues by Burke James Lee

Author:Burke, James Lee [Burke, James Lee]
Language: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publisher: Rivages/Noir
Published: 2014-01-19T23:00:00+00:00


8

La baby-sitter habituelle n’était pas chez elle. Je trouvai le numéro de Tess Regan dans l’annuaire et je l’appelai avant d’emmener Alafair chez elle.

Une heure et demie plus tard, je remontai le chemin de terre menant à la maisonnette en séquoia de Clete qui surplombait Flathead Lake. Toutes les lumières étaient allumées. Il pleuvait ; le lac était noir en arrière-plan. Je voyais les rafales de pluie à la lumière des fenêtres. Plus haut sur le chemin de terre, au-delà de la grille à commande électronique, la maison des Dio était plongée dans l’obscurité. Je frappai à la porte d’entrée de Clete ; personne ne répondit ; j’entrai.

J’entendis un bruit de chasse d’eau quelque part sur l’arrière de la maison. Je le vis alors sortir de la chambre, une serviette humide collée contre la bouche. Le visage paraissait vidé de son sang, la peau aussi tendue qu’un abat-jour sur son armature. La cravate était dénouée, le plastron de la chemise blanche mouillé jusqu’au pantalon. Il s’assit à la table près de la porte vitrée coulissante et but bruyamment une tasse à café qu’il tenait enveloppée de sa main pour s’empêcher de trembler. Sur la table, étaient posés un carton de lait et une bouteille de Cutty Sark. Il aspira profondément à une Camel et retint la fumée dans les poumons comme s’il tirait une biffe sur un joint. Une quinte de toux lui secoua la poitrine lorsqu’il relâcha la fumée. Au loin sur le lac, un voilier à l’ancre, lumières allumées, plongea sous les ressacs.

Il s’essuya à nouveau la bouche de la serviette avant d’en frotter son cou épais.

— Impossible de garder quelque chose dans l’estomac. Je crois que j’ai un ulcère, dit-il.

— Où est-elle ?

— Dans la grande salle de bains.

Il leva les yeux sur moi, le visage boursouflé, et avala ce qu’il buvait.

— Remets-toi.

— Je suis revenu de Missoula, elle était comme ça. Une vraie saloperie, j’arrive pas à l’encaisser.

Mais je ne l’écoutais pas. Je pris le couloir qui menait à la salle de bains. Lorsque je regardai à l’intérieur, je dus m’accrocher d’une main au chambranle de la porte. Le rasoir gisait sur le carrelage, collé au sol par une épaisse couche de son sang coagulé. Elle était nue et avait glissé dans la baignoire sur le côté, de sorte que seule une moitié de son visage flottait au-dessus de l’eau savonneuse et rouge. L’intérieur des deux avant-bras portait une profonde incision.

Oh Seigneur Dieu, songeai-je, et je dus prendre une profonde inspiration avant de détourner les yeux.

Elle s’était vidée de son sang, au point d’en être blanche. Je m’assis sur le rebord de la baignoire et caressai du bout des doigts sa chevelure douce et humide. J’eus l’impression de toucher des plumes mouillées.

Écrits au rouge à lèvres sur le miroir de la salle de bains étaient les mots :

C.

C’est l’heure de partir.

Bye-bye, love,

D.

Je me passai les doigts dans les cheveux, et la fixai, les sens complètement engourdis. C’est alors que j’aperçus les minuscules griffures et les marques



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